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Light of my life
Cinema, musique et plus si affinités
Light of my life. JC Manuceau
25/01/202525/01/2025

La rencontre explosive de Lalo Schifrin et Harry Callahan

C’est sans doute possible un des plus grands scores du l’histoire du cinéma, l’un de ceux qui ont marqué durablement les esprits et contribué largement au succès du film qu’il accompagne. Si Dirty Harry (L’Inspecteur Harry) a suscité la controverse lors de sa sortie en 1971 pour son degré alors inhabituel de violence, sa musique signée par le grand compositeur argentin Lalo Schifrin a mis tout le monde d’accord. Urban jazz-funk sont les mots utilisés pour décrire cette BO dans les notes du CD, paru sur le propre label de Lalo Aleph Records en 2004, dans laquelle il mélange voix humaine, percussions, synthétiseurs, guitares électriques, cordes et cuivres pour plonger dans l’esprit torturé du serial killer et dans celui du flic aux méthodes radicales à sa poursuite. Un son groovy, inimitable, une signature si marquante que le compositeur a rempilé pour les volets suivants des aventures d’Harry Callahan incarné par Clint Eastwood, à l’exception de L’inspecteur ne renonce jamais (1976) où il cédait la place au génial Jerry Fielding. Le Max Linder et son ciné-club consacré à la musique de film nous donnent l’occasion de savourer, ce dimanche à 11h dans la meilleure salle de Paris, ce joyau devenu un classique symptomatique du thriller urbain.

Dans un livre d’entretien paru dans les années 2000, Lalo revenait sur son travail avec Don Siegel, avec lequel il avait déjà collaboré sur Un shérif à New-York (1968) et Les Proies (1971) : « Avec Don Siegel, on ne parlait pas de théorie ; il était avant tout un film maker. Ce qui ne m’a pas empêché de tenter d’accentuer, par la musique, le côté psychologique et la dimension intérieure du film – le spectateur doit ressentir qu’il se trouve à certains moments dans l’esprit des deux ennemis jurés (Scorpio avec sa folie meurtrière, Harry avec ses doutes et sa détermination). »

Lalo poursuit : « Ayant longuement discuté avec Don de la personnalité de Scorpio, j’en étais arrivé à la conclusion qu’il entendait des voix. Pendant le minutage, j’ai fait part à Don de mon intention : « Je crois que je vais utiliser une voix féminine, avec une mélodie cauchemardesque. Quelque chose qui vous poursuit et qui ne vous laisse pas de répit. » Il n’a pas été convaincu tout de suite : « Pourquoi une voix ? » (…) Je lui ai répondu : « C’est à cause de toi. C’est toi qui a établi le fait que Scorpio était fou. Le film se passe en pleine période du Vietnam et il porte une boucle de ceinturon, le symbole de la paix. Pourtant, c’est un tueur en série ! Je suis sûr qu’il entend des voix. » Une fois la musique mise en place, Don a beaucoup aimé. » (…) « En contrepoint du thème du méchant, j’ai créé dans L’Inspecteur Harry un thème qui revient, finalement, dans tous les films de la série. Un thème désabusé, à l’image de Callahan qui n’aime pas faire ce qu’il fait : plonger ses mains dans les égouts de la société. »

Venez plonger avec Harry demain matin au Max Linder pour un petit déjeuner à 10h30 avant la projection à 11h. La séance sera présentée par Stéphane Lerouge, qui vient de sortir chez Universal Music un beau coffret de 16 CD consacré au musicien dans la collection Écoutez le cinéma.

Citations tirées de Lalo Schifrin : entretiens avec Georges Michel, éditions Rouge Profond, 2005

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3 thoughts on “La rencontre explosive de Lalo Schifrin et Harry Callahan”

  1. Dominique Legrand dit :
    25/01/2025 à 20h29

    Bonjour Jean-Christophe.
    J’ai été ravi d’avoir été ton voisin de fauteuil lors de la masterclass de David Cronenberg et d’avoir pu échanger avec toi. Je découvre ton blog. J’ai lu quelques articles. C’est vraiment très intéressant. Concernant Lalo Schiffrin, c’est amusant, car mon épouse m’a offert à Noël le précieux coffret de 16 CD : un pur joyau pour cinéphiles et amateur de jazz. Je ne m’en lasse pas.
    En y songeant, je pense que tu as raison : ce serait peut-être pas mal de renouveler l’équipe de la Cinémathèque (et d’en profiter au passage pour la féminiser) et que Costa-Gavras passe la main. Il faut peut-être voir dans cette polémique à propos du film de Bertolucci un signe…
    Pour ma part, j’ai passé une super soirée avec Cronenberg (il a beaucoup d’humour et ses réponses sont très intéressantes). En revoyant La Mouche, que j’ai pourtant vu plusieurs fois au cinéma, et que j’ai en DVD, je me faisais la réflexion que les grands films sont vraiment faits pour le grand écran ! C’est une évidence, mais avec ce genre d’expérience, on le réalise encore plus.
    J’irai régulièrement visiter ton blog. Il y a vraiment de très bonnes choses.
    Très bon week-end à toi.
    Amicalement.
    Dominique

    Répondre
    1. jcmanuceau dit :
      26/01/2025 à 9h22

      Merci Dominique ! Super soirée en effet. Et je suis tout à fait d’accord avec toi sur l’importance du grand écran. Ce qui compte aussi c’est l’expérience collective. À bientôt !

      Répondre
      1. Dominique Legrand dit :
        16/02/2025 à 19h45

        Bonsoir Jean-Christophe,
        Merci pour ta réponse, et ta complicité cinéphile.
        Je serai mercredi chez Potemkine pour voir notre ami Jean-Baptiste Thoret nous parler de Carpenter. A ce propos, sa conférence sur John Frankenheimer était vraiment passionnante.
        Pour information, et pour revenir à Elephant Man, j’aurai le plaisir de le présenter à l’UGC Parly 2 le 18 mars au soir.
        Je fais régulièrement des présentations dans cet UGC (ce n’est pas très loin de chez moi, donc assez pratique). Ils ont une équipe très sympa et une super programmation.
        Au plaisir de te revoir. A bientôt.

        Répondre

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