Alors que Los Angeles est toujours sous l’emprise d’incendies catastrophiques, l’industrie hollywoodienne tente tant bien que mal de maintenir son activité, une tâche rendue complexe pour le personnel des studios mais qui reste en partie normale pour la chaîne d’assemblage à cause de la délocalisation de l’activité des grands studios, comme l’explique cet article du NYT. Malgré ce contexte difficile, j’ai pu m’entretenir avec le réalisateur français expatrié aux États-Unis Laurent Bouzereau et l’interroger sur la conception de son documentaire sur John Williams sorti fin d’année dernière sur Disney+. On apprend comment il a réussi à le réaliser malgré les difficultés, quelle est la vraie nature de la relation entre Steven Spielberg et John Williams, et ce qu’il pense de la carrière de Jerry Goldsmith, son deuxième compositeur préféré.
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Comment avez-vous eu l’idée de réaliser le documentaire « Music by John Williams » ?
Cela fait trente ans que je connais John Williams grâce à Steven Spielberg et autant de temps que j’avais envie de faire un documentaire sur sa carrière et sa musique. Quand John a eu 90 ans, j’ai participé à un hommage qui lui a été rendu au Kennedy Center à Washington. Et à cette occasion-là, j’en ai parlé à Steven une fois de plus en lui disant : « Écoutez, c’est vraiment une opportunité manquée que de ne pas faire un documentaire sur lui à ce stade de sa carrière. » Et donc il a demandé à John qui a dit oui. Après ça, il était un peu plus réservé mais nous avons réussi à le convaincre et à commencer la production. Il se trouve que comme je fais beaucoup de films, j’ai eu un rendez-vous avec Imagine Documentaries, la compagnie de Ron Howard, qui voulait à tout prix travailler avec moi. Ils m’ont dit qu’ils voulaient faire un documentaire sur John Williams. Je leur ai dit : « Mettez-vous mettre dans la file d’attente car vous n’êtes pas les seuls ! »
On a décidé de s’associer à eux une fois que Steven avait vraiment convaincu John et après que Kathleen Kennedy et Frank Marshall, donc Lucasfilm, se sont associés à la production ; c’est comme ça que le film s’est retrouvé sur Disney+.
Donc il n’a pas été particulièrement difficile à produire ?
Ah si, c’était très difficile à produire, parce que d’un point de vue créatif, quand vous avez une carrière aussi énorme que celle de John et qu’il y a autant d’archives et autant de musiques, quelles sont les choses sur lesquelles on se concentre ? Comment est-ce qu’on commence à bâtir l’histoire du film ? Et il y a aussi la question du budget, et la question des droits musicaux qui sont très compliqués et très chers. Nous n’avions pas des poches très profondes car même si c’est un film produit par les grands du cinéma, il n’avait pas un budget illimité, même pas du tout ! Car si c’était un de mes projets depuis trente ans, je n’ai pas eu beaucoup de temps pour le réaliser. Une fois qu’on a commencé, c’est un des films que j’ai fait le plus vite de toute ma carrière. Donc c’est ça qui a été difficile. Pour les interviews par exemple, les gens ne sont pas immédiatement disponibles, il faut voyager. Et ces facteurs ont des implications sur le budget et sur votre emploi du temps et la salle de montage. C’est un gros projet qui a été très difficile à mener à bien.
Comment le tournage s’est-il passé ? Est-ce que vous avez eu accès à tous les gens que vous vouliez interroger ?
Il y a des gens qui nous ont échappé à cause de problèmes d’emploi du temps, certaines personnes n’étaient pas disponibles à ce moment-là ou n’étaient même pas aux États-Unis, etc. Mais dans 90% des cas, j’ai réussi à avoir les personnes qui pouvaient s’exprimer le mieux sur John. C’est une liste qu’on a vraiment construit ensemble, et avec Steven.
Donc personne n’a refusé ?
Non du tout. C’est une question de timing. Par exemple, une personne qu’on devait interviewer s’est cassé le bras… Il se passe plein de choses quand vous faites un film, que ce soit un documentaire ou un film avec un scénario, il y a beaucoup d’aléas. C’est une chose à laquelle je suis habitué.
Est-ce que vous avez eu envie de parler avec Joseph Williams ? Vous vous entretenez dans le film avec Jennifer Williams, une des filles de John.
On a décidé avec John que c’était elle qui allait s’exprimer sur la famille.
Comme vous le savez, j’ai écrit un livre sur l’œuvre de John Williams et j’avais hâte de voir votre film. J’ai vraiment beaucoup aimé parce qu’il dévoile les coulisses du travail de composition à Hollywood. Vous avez eu accès aux rushes qu’a tournés Steven Spielberg pendant les enregistrements, notamment sur E.T. Ce sont des images qu’on n’avait jamais vues.
Je vous remercie, ça fait plaisir que vous ayez aimé. Effectivement, on a eu accès à des images d’archives inédites, et j’ai pu également filmer depuis les coulisses du Hollywood Bowl, ça ne s’était jamais vu. Mais une fois de plus, tout ça est très cher à filmer. Il y a plein de règles. Et il a vraiment fallu se demander quels éléments allaient parler à notre histoire et quelles sont les choses qui vont vraiment souligner son cheminement au présent mais aussi au passé. Trouver cette balance entre les deux a été un challenge. Parce que, une fois de plus, quelqu’un qui fait de la musique depuis l’âge de cinq ans n’est pas facile à cerner. Jamais je ne me dis que je vais faire la version Wikipedia de quelqu’un. J’ai vraiment un point de vue. J’ai vraiment une histoire que je veux raconter. Il y a des gens qui peuvent être frustrés et dire : « Vous auriez dû parler de telle musique ou de telle chose. » Je savais très bien qu’on n’allait pas parler de tout, mais j’ai essayé de couvrir le plus possible de son œuvre. Je laisse l’exhaustivité aux auteurs comme vous. Sinon, le film n’aurait pas été possible à produire vu le coût des musiques et surtout vu le fait que ça devait être d’une certaine durée, etc. Il y avait des choses à respecter, mais ça ne me dérange pas du tout. Je trouve que c’est même un défi qui m’aide énormément à trouver une ligne conductrice dans mes films de se dire voilà, on ne fait pas 50 épisodes sur la vie de John Williams, on fait un film.
Steven Spielberg filme quasiment à chaque fois que John enregistre une musique pour ses films, cela représente des heures et des heures de rushs. Vous avez dû faire des choix. Vous avez donc décidé avec Spielberg de ce que vous alliez garder ?
Il me laisse très libre de mes choix. J’étais familier avec les prises de vues de E.T. à cause de mon travail sur le film pendant plusieurs années. Il y avait en fait deux caméras behind the scenes. La caméra Super-8 de Steven comme je le montre. Et il y avait aussi des prises de vues filmées en 35 mm par John Toll, le grand directeur de la photo qui a gagné l’Oscar pour Légendes d’automne et Braveheart. Pareil avec les Indiana Jones, les caméras de Lucasfilm étaient toujours là, donc il y avait plusieurs sources d’archives.
Est-ce que vous avez vu le documentaire de Tornatore sur Ennio Morricone qui est sorti en 2021 ? Est-ce que ça vous a influencé, même inconsciemment ?
Non, pas du tout.
Mais ça vous a plu ? Ça vous a intéressé ?
C’est Tornatore qui fait le film, donc c’est forcément fantastique. Il a été impliqué dans l’histoire en tant que cinéaste lui-même et collaborateur intime du compositeur. Ne serait-ce que pour ça, c’est complètement unique dans l’histoire du cinéma.
J’ai vu des photos aux Oscars où John et Ennio se serraient la main, ils avaient l’air d’être assez proches. Comment faisaient-ils pour dépasser la barrière de la langue ? Morricone lui ne parlait pas du tout anglais.
Aucune idée !
Revenons à votre film. Peut-on s’attendre à une future édition physique avec des bonus ?
Je ne sais pas. Vu le coût de la musique, je ne pense pas que cela soit possible. C’est Disney qui s’occupe de tout ça. Vu que le film est sur Disney+, ça m’étonnerait qu’ils tentent une sortie physique qui ferait peut-être de l’ombre à leur site de streaming. Aux États-Unis aujourd’hui, c’est de plus en plus difficile de sortir des Blu-Ray, donc ce n’est pas la priorité. Et vu que c’est un documentaire, c’est encore plus difficile.
En faisant mes recherches et en écrivant mon livre sur John Williams, j’ai compris que Steven et John sont vraiment proches, que leur entente est cordiale et qu’ils ont les mêmes goûts sur pas mal de choses, notamment pour l’histoire américaine. Est-ce qu’il y a quand même eu des moments difficiles entre eux ? Je me doute que vous ne pouvez pas forcément en parler dans un documentaire comme celui-là, mais est-ce qu’il y a eu des crises dans leur relation ? Ce n’est pas évident de travailler pendant cinquante ans avec quelqu’un.
Premièrement, le film n’a pas du tout été censuré. On a parlé de choses difficiles. Mais ma perspective sur la relation entre John et Steven est vraiment symbolisée et solidifiée par Les Dents de la mer. Le tournage du film s’est très mal passé comme on le sait, c’est un film qui a laissé beaucoup de cicatrices. Et une fois de plus, je parle vraiment en relation vis-à-vis de la carrière de quelqu’un, etc. C’est un film qui aurait pu carrément changer l’axe de celle de Steven Spielberg. Bon, il s’est trouvé qu’il a eu du succès et que ça a changé dans le bon sens. Mais pendant très longtemps, ça a été quelque chose de traumatisant. On a tous connu dans notre carrière des événements créatifs très difficiles, et c’est très dur de revenir sur ces histoires. Quand on se met dans la peau de la personne qu’était Steven à l’époque du film, on se rend compte qu’il était encore vulnérable. Et tout d’un coup, il se retrouve avec un compositeur qui lui joue ces deux notes. Il a vraiment fallu qu’il y ait une confiance et une sorte de fraternité entre les deux pour qu’il accepte une musique qui au départ pouvait paraître très minimaliste.
Oui, ça ne lui parlait pas au départ.
Et donc je pense que, une fois que vous avez traversé quelque chose comme ça, et que la musique devient un des aspects qui sauve le film, vous êtes attachés à vie. Et Steven en parle dans le film, il dit qu’il y a eu des fois où il avait d’autres idées, etc. Mais John est complètement ouvert à tout ça. C’est un des rares compositeurs qui ne s’est jamais fait virer d’un film. Il a plutôt remplacé d’autres personnes. Donc ce n’est pas uniquement avec Steven, c’est grâce à sa générosité d’esprit, sa rigueur, son travail et sa créativité qui font qu’il n’y a pas de drame comme il y a pu en avoir entre Bernard Herrmann et Alfred Hitchcock. Donc non, il n’y a pas de choses cachées. Un des événements importants, c’est ce qui s’est passé avec le Boston Pops quand les musiciens ont refusé de jouer de la musique de film (au début des années 1980). C’est une histoire que je connaissais un peu, mais pas tant que ça. Je n’avais pas vraiment creusé, parce qu’effectivement, le succès a été tellement énorme que ça cache en fait tout ça. Mais on en a parlé de façon très ouverte. Il n’y a eu vraiment aucune règle du genre : on ne peut pas parler de ci ou de ça. Les gens avec qui je travaille sont en confiance. Et je respecte énormément les talents qui m’inspirent. Je ne suis absolument pas intéressé par ce qu’on appelle une interrogation dans le sens journalistique du terme. Je ne suis pas un journaliste, je suis un raconteur d’histoires, de faits.
Dans tous les entretiens que j’ai lu avec des réalisateurs ou des collaborateurs, ils n’ont que des mots agréables concernant John Williams, ce n’était pas du tout le cas, par exemple avec Ennio Morricone qui lui pouvait être assez difficile.
Ou Jerry Goldsmith que malheureusement je ne connaissais pas. C’est vraiment mon deuxième compositeur favori après John, j’aime surtout ses scores des années 1970 comme La Malédiction, Ces garçons qui venaient du Brésil, les choses comme ça. Ce sont parfois des films qui ont pu être sauvés par la musique. Mais je sais que Jerry a été remplacé plusieurs fois et qu’il pouvait avoir des mots avec les réalisateurs. Maintenant, j’ai travaillé avec des compositeurs et j’ai eu aussi des relations difficiles avec certains. Donc ce n’est pas complètement inhabituel.
Concernant Goldsmith, d’après vous, comment est-ce qu’on peut expliquer qu’il ait eu moins accès que John Williams aux gros films ? Est-ce que c’est une question de chance ?
Je ne peux pas m’exprimer là-dessus parce que je n’ai pas du tout étudié la question. Mais c’est évident que John était très en demande, que ce soit sur des films comme Superman et tous les films grand spectacle si on peut dire, mais aussi sur des films comme Monsignore qui est vraiment un score immense pour un film plutôt médiocre. Maintenant, on ne voit pas dans la filmographie de Jerry une relation avec un réalisateur spécifique alors que John avait vraiment ça avec Steven, dont la carrière a explosé. Donc ça l’a forcément aidé, mais il avait aussi George Lucas et Star Wars. Maintenant, si Star Trek de Robert Wise avait été un succès aussi géant que La Guerre des étoiles et si les suites avaient eu un succès mondial, la carrière de Jerry Goldsmith aurait peut-être été différente. Il avait certes une relation avec un réalisateur comme Franklin J. Schaffner, mais ce n’est pas quelqu’un qui a continué à faire des films qui ont marché et qui ont défrayé la chronique. Donc, cela a certainement joué sur son parcours. Ceci dit, il a eu une carrière fantastique et malheureusement écourtée par une vie trop courte. Quand vous voyez le rapport entre Hermann et Hitchcock, c’est vraiment dommage qu’ils se soient fâchés. Mais c’est vraiment rare ces relations qui durent pendant toute une carrière, surtout quand celle-ci est longue.
Et vous parliez des Dents de la mer, justement, J’ai cru voir que vous préparez un documentaire pour les 50 ans du film ?
Tout à fait, ce sera diffusé dans le courant de l’année sur Natgeo, c’est à dire Disney+. Et c’est prévu pour le courant de l’année. On pourra en reparler au moment de la sortie.
Et sinon, quels sont vos autres projets ?
J’ai énormément de projets, ce sont des choses que je garde pour moi pour l’instant. Tant qu’ils ne sont pas en cours, ça porte malheur d’en parler à ce stade. Mais effectivement, j’ai énormément de projets en cours, dont des films que j’aimerais réaliser, qui sont des films de fiction. Mais c’est toujours aléatoire et difficile.
Pour finir sur John Williams, vous pensez qu’on aura la chance d’avoir encore une œuvre de sa part ?
Je pense. Oui, je pense. J’espère. Il n’a pas fini, il continue.
Il y a un film de Spielberg qui se profile à l’horizon pour 2026. D’après ce que j’ai vu, un film de science-fiction apparemment, j’espère que John sera au rendez-vous. Merci beaucoup Laurent Bouzereau !
ENGLISH VERSION
While Los Angeles is still in the grip of catastrophic fires, the Hollywood industry is struggling to maintain its activity, a task made complex for studio staff but easier for the assembly line because of the relocation of the activity of the major studios, as explained in this NYT article. Despite this catastrophic context, I was able to speak with the director Laurent Bouzereau and ask him about the conception of his documentary on John Williams released at the end of last year on Disney+. We learn how he managed to make it despite the difficulties, what is the true nature of the relationship between Steven Spielberg and John Williams, and what he thinks of Jerry Goldsmith’s career, his second favorite composer.
How did you come up with the idea to make the documentary “Music by John Williams”?
I have known John Williams for thirty years thanks to Steven Spielberg and for just as long I wanted to make a documentary on his career and his music. When John turned 90, I did a tribute to him at the Kennedy Center in Washington. And at that time, I brought it up to Steven again and said, “Look, this is a really missed opportunity not to do a documentary about him at this point in his career.” And so he asked John and John said yes. After that, he was a little more reserved but we managed to convince him and start production. It just so happens that because I make a lot of films, I had a meeting with Imagine Documentaries, Ron Howard’s company, who were desperate to work with me. They said they wanted to do a documentary about John Williams. I said, “Get in line because you’re not the only ones!” We decided to partner with them once Steven had really convinced John and after Kathleen Kennedy and Frank Marshall, Lucasfilm, had come on board; that’s how we ended up on Disney+.
So the film wasn’t particularly difficult to produce?
Oh yes, it was very difficult to produce, because from a creative point of view, when you have a career as huge as John’s and there is so much archive and so much music, what are the things that you focus on? How do you start to build the story of the film? And then there’s the question of the budget, and the question of the music rights which are very complicated and very expensive. We didn’t have very deep pockets because even if it’s a film produced by the big names in cinema, it didn’t have an unlimited budget, not at all! Because if it was one of my projects for thirty years, I didn’t have a lot of time to make it. Once we started, it was one of the films that I made the fastest in my entire career. So that’s what was difficult. For example, for interviews, people are not immediately available, you have to travel. And these factors have implications on the budget and on your schedule and the editing room. It was a big project that was very difficult to carry out. How did the shooting go? Did you have access to all the people you wanted to interview? There were people that we missed because of scheduling issues, some people were not available at that time or were not even in the United States, etc. But in 90% of the cases, I managed to get the people who could express themselves best about John. It was a list that we really built together, and with Steven.
So no one refused?
No, not at all. It was a question of timing. For example, a person we were supposed to interview broke his arm… A lot of things happen when you make a film, whether it’s a documentary or a film with a script, there are a lot of hazards. It’s something I’m used to. Did you want to talk to Joseph Williams? You talk in the film with Jennifer Williams, one of John’s daughters. John and I decided that she was the one who was going to talk about the family.
As you know, I wrote a book on the work of John Williams and I was looking forward to seeing your film. I really liked it because it reveals the behind the scenes of the work of composition in Hollywood. You had access to the rushes that Steven Spielberg shot during the recordings, especially on E.T. These are images that we had never seen before.
Thank you, it’s good that you liked it. Indeed, we had access to unpublished archive images, and I was also able to film from behind the scenes at the Hollywood Bowl, that had never been seen before. But once again, all of this is very expensive to film. There are lots of rules. And we really had to ask ourselves which elements were going to speak to our story and which are the things that will really highlight its journey in the present but also in the past. Finding this balance between the two was a challenge. Because, once again, someone who has been making music since the age of five is not easy to pin down. I never tell myself that I am going to make the Wikipedia version of someone. I really have a point of view. I really have a story that I want to tell. There are people who can be frustrated and say: “You should have talked about this music or that thing.” I knew very well that we were not going to talk about everything, but I tried to cover as much of his work as possible. I leave the exhaustiveness to authors like you. Otherwise, the film would not have been possible to produce given the cost of the music and especially given the fact that it had to be of a certain length, etc. There were things to respect, but that does not bother me at all. I find that it is even a challenge that helps me enormously to find a common thread in my films to say to ourselves, here we are not making 50 episodes on the life of John Williams, we are making a film.
Steven Spielberg films almost every time John records music for his films, it represents hours and hours of rushes. You had to make choices. So you decided with Spielberg what you were going to keep?
He gives me a lot of freedom in my choices. I was familiar with the shots of E.T. because of my work on the film for several years. There were actually two cameras behind the scenes. Steven’s Super-8 camera as I show. And there were also shots filmed in 35 mm by John Toll, the great cinematographer who won the Oscar for Legends of the Fall and Braveheart. Same with the Indiana Jones, the Lucasfilm cameras were always there, so there were several archival sources.
Have you seen Tornatore’s documentary on Ennio Morricone that came out in 2021? Did it influence you, even subconsciously? No, not at all. But did you like it? Were you interested?
Tornatore is the one making the film, so it must be fantastic. He was involved in the story as a filmmaker himself and a close collaborator of the composer. If only for that, it is completely unique in the history of cinema.
I saw photos at the Oscars where John and Ennio were shaking hands, they seemed quite close. How did they overcome the language barrier? Morricone didn’t speak any English.
No idea!
Let’s get back to your film. Can we expect a future physical edition with bonus features?
I don’t know. Given the cost of the music, I don’t think it’s possible. Disney is taking care of all that. Given that the film is on Disney+, I would be surprised if they tried a physical release that would perhaps overshadow their streaming site. In the United States today, it is increasingly difficult to release Blu-Rays, so it is not a priority. And since it is a documentary, it is even more difficult.
In doing my research and writing my book on John Williams, I realized that Steven and John are really close, that they get along really well and that they have the same tastes on a lot of things, especially American history. Were there any difficult times between them? I suspect that you can’t necessarily talk about it in a documentary like this, but were there any crises in their relationship? It’s not easy to work with someone for fifty years.
First of all, the film was not censored at all. We talked about difficult things. But my perspective on the relationship between John and Steven is really symbolized and solidified by Jaws. The filming of the film went very badly as we know, it’s a film that left a lot of scars. And once again, I’m really talking in relation to someone’s career, etc. It’s a film that could have completely changed the direction of Steven Spielberg’s direction. Well, it happened to be successful and that changed things for the better. But for a long time, it was something traumatic. We’ve all experienced very difficult creative events in our careers, and it’s very hard to look back on those stories. When you put yourself in the shoes of the person Steven was at the time of the film, you realize that he was still vulnerable. And all of a sudden, he finds himself with a composer who plays him these two notes. There really had to be trust and a kind of brotherhood between the two of them for him to accept music that at first could have seemed very minimalist. Yes, it didn’t speak to him at first. And so I think that, once you’ve gone through something like that, and the music becomes one of the aspects that saves the film, you’re attached for life. And Steven talks about it in the film, he says that there were times when he had other ideas, etc. But John is completely open to all of that. He’s one of the few composers who has never been fired from a film. He’s replaced other people instead. So it’s not just Steven, it’s his generosity of spirit, his rigor, his work and his creativity that mean there’s no drama like there was between Bernard Herrmann and Alfred Hitchcock. So no, there’s no hidden stuff. One of the important events is what happened with the Boston Pops when the musicians refused to play film music (in the early 1980s). It’s a story that I knew a little bit about, but not that much. I hadn’t really dug into it, because yes, the success was so huge that it actually hides all of that. But we talked about it very openly. There was really no rule like that: you can’t talk about this or that. The people I work with are trustworthy. And I respect the talents that inspire me enormously. I am absolutely not interested in what is called an interrogation in the journalistic sense of the term. I am not a journalist, I am a storyteller.
In all the interviews I have read with directors or collaborators, they only have nice words about John Williams, this was not at all the case, for example with Ennio Morricone who could be quite difficult.
Or Jerry Goldsmith who unfortunately I did not know. He is really my second favorite composer after John, I especially like his scores from the 1970s like The Omen, The Boys from Brazil, things like that. These are sometimes films that could be saved by music. But I know that Jerry was replaced several times and that he could have words with the directors. Now, I have worked with composers and I have also had difficult relationships with some. So it is not completely unusual.
Concerning Goldsmith, in your opinion, how can we explain that he had less access than John Williams to big films? Is it a question of luck?
I can’t comment on that because I haven’t studied the issue at all. But it’s obvious that John was in high demand, whether it was for films like Superman and all the big spectacle films, if you will, but also for films like Monsignore, which is really a huge score for a rather mediocre film. Now, we don’t see in Jerry’s filmography a relationship with a specific director, whereas John really had that with Steven, whose career exploded. So that obviously helped him, but he also had George Lucas and Star Wars. Now, if Robert Wise’s Star Trek had been as huge a success as Star Wars and if the sequels had been a worldwide success, Jerry Goldsmith’s career might have been different. He certainly had a relationship with a director like Franklin J. Schaffner, but he’s not someone who continued to make films that worked and made headlines. So, that certainly played a role in his career. That said, he had a fantastic career and unfortunately shortened by a life that was too short. When you see the relationship between Hermann and Hitchcock, it’s really a shame that they fell out. But it’s really rare to have relationships that last throughout a career, especially when it’s long.
And you were talking about Jaws, precisely, I thought I saw that you are preparing a documentary for the 50th anniversary of the film?
Absolutely, it will be broadcast during the year on Natgeo, that is to say Disney+. And it is planned for the course of the year. We will be able to talk about it again at the time of the release.
And otherwise, what are your other projects?
I have a lot of projects, these are things that I keep to myself for the moment. As long as they are not in progress, it is bad luck to talk about them at this stage. But indeed, I have a lot of projects in progress, including films that I would like to direct, which are fiction films. But it is always random and difficult.
To finish on John Williams, do you think we will be lucky to have another work from him?
I think so. Yes, I think so. I hope so. He is not finished, he continues.
There is a Spielberg movie coming out in 2026. From what I’ve seen, it’s a sci-fi movie apparently, I hope John is in it. Thanks a lot Laurent Bouzereau!