La voilà. Cela faisait des années qu’on l’attendait et elle est enfin entre nos mains. La version complète d’Au service secret de sa Majesté, de John Barry (1969) est sortie cet été. Elle fait partie d’une série de rééditions des scores de James Bond pilotées par La La Land Records et parues ces derniers mois, avec notamment Thunderball, Octopussy, The Man with the Golden Gun, Goldfinger, Moonraker... Autant de BO, sorties en éditions limitées dans des versions longues sur deux CD, qui ravissent les collectionneurs et les fans de l’agent secret et de son compositeur en chef, le grand et regretté John Barry, l’inventeur du « son » Bond.
La précédente édition de la musique d’On Her Majesty’s Secret Service (OHMSS) datait de 2003 et contenait 21 morceaux. Celle-ci en comprend 28 sur le disque 1, et 25 sur le disque 2, pour une durée totale de 2h31 de musique, avec logiquement beaucoup d’inédits et quelques raretés encore jamais entendues, exhumées des bandes magnétiques originales.
Considéré par beaucoup d’aficionados de 007 comme le meilleur opus de la saga, OHMSS voit un nouveau visage incarner l’agent et remplacer l’iconique Sean Connery, lassé du personnage après avoir rendu de bons et loyaux services dans cinq films tournés au pas de course sur une période de cinq ans. Presque totalement novice à l’écran, George Lazenby, mannequin d’origine australienne, est choisi pour le remplacer. Diana Rigg et Telly Savalas partagent l’affiche de ce volet où l’agent secret tombe amoureux… et se marie. Une idée qui rend le film unique dans la saga, jusqu’à ce que les créateurs de Bond décident de refaire tomber le personnage amoureux dans sa dernière incarnation sous les traits de Daniel Craig.
Réalisé par Peter Hunt, précédemment second réalisateur et monteur sur les films de la saga, OHMSS bénéficie d’un score de Barry d’une grande richesse thématique et d’une mélancolie qui faisait défaut aux précédents. Suspense, action et romantisme complètent le cocktail du film et de la musique.

Autre particularité de ce film à part : le générique d’ouverture n’est pas accompagné par une chanson, mais par le thème principal de John Barry. Le film contient pourtant une chanson, et c’est une des plus belles et bouleversantes de l’histoire du cinéma. Interprétée par Louis Armstrong, We Have All The Time In The World n’apparaît que vers le milieu du film, pendant une montage sequence qui voit Tracy et Bond tomber amoureux. La chanson se retrouve ici sous trois formes différentes. À l’époque, on avait pour habitude de réenregistrer la BO pour sa sortie sur disque, d’où les différences avec la musique entendue dans le film.
On trouve dans le livret une analyse du spécialiste Jon Burlingame, ainsi qu’un court texte de David Arnold, le compositeur qui a repris le flambeau musical de 007 (et avec quel talent !) après la disparition de John Barry. Il y exprime tout son amour pour ce disque : « Jamais une intention musicale n’a été plus puissante que le thème principal de John pour ce film. Pièce majestueuse, dangereuse et menaçante, débordante d’assurance, d’allure et d’excitation, elle ouvre le film sans un mot et nous fait savoir, sans la moindre ambiguïté, que Bond est de retour. »
Après ce succès éclatant, Barry ne s’arrête pas en si bon chemin et compose la musique de six autres volets de la saga James Bond, jusqu’à The Living Daylights en 1987. Autant de jalons qui ne résument pas le parcours du compositeur – à l’origine de nombreuses autres BO dans des registres très différents – mais qui en constituent l’une des facettes les plus excitantes et les plus novatrices.
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