Voici le film de la confirmation. Après le très singulier et dérangeant Eraserhead (1977), David Lynch, dont on a encore du mal à se remettre de la disparition, prouvait dans Elephant Man (1980) qu’il était capable de diriger un film historique dans un pays qu’il ne connaissait pas (l’Angleterre), situé à l’époque Victorienne. Il revenait dans cette vidéo de vingt-cinq minutes sur la conception du film. On y apprend notamment que le réalisateur doit en partie sa carrière à la confiance que lui a porté Mel Brooks qui, malgré sa tentative ratée de concevoir le maquillage de son personnage principal, lui a renouvelé sa confiance.
Sorti il y a quelques années dans une magnifique copie 4K, Elephant Man gagne à être (re)découvert car même si Lynch n’est pas à l’origine du projet, il a co-écrit le scénario, et le film contient certains des thèmes que le cinéaste développera dans toute sa carrière : le mélange entre rêve et réalité, le cauchemar comme irruption d’une vérité profonde, l’opposition entre la monstruosité apparente et la monstruosité intérieure, la violence et l’exploitation des êtres vulnérables, la compassion face à la souffrance.
Comme le dit John Hurt dans un des bonus présents dans l’édition sus-mentionnée : « Un des propos du film est d’éclairer le public sur ce qui est profondément incompris. » Et d’ajouter une phrase qui s’applique très bien à toute l’œuvre du cinéaste américain : « Les choses ne sont pas ce qu’elles paraissent être. » Si Lynch nous manque terriblement, c’est aussi parce qu’il savait embrasser la complexité du monde sans détour.
Le film est projeté en ce moment dans le réseau UGC.