Ayant fait le choix de quitter X depuis plusieurs mois, j’ai tendance à rater certaines infos. Si le choix d’abandonner un réseau social en roue libre et piloté par un dirigeant plus “méchant à la James Bond” que jamais peut aisément se comprendre, y rester pour le combattre de l’intérieur fait tout autant sens. Beaucoup choisissent de rester sur X pour éviter que des figures comme Trump ou Musk ne monopolisent le débat en diffusant leurs idées sans qu’il y ait d’opposition. Car si les voix contradictoires disparaissent, le débat s’éteindra, laissant la place à une domination des populistes ayant le champ libre. D’où l’importance du message qu’un ami m’a partagé et que je relaye ci-dessous. Il est signé par le réalisateur français Eric Rochant, et il me semble qu’il résume bien le basculement d’époque que nous vivons actuellement. Est-ce que vous êtes d’accord avec lui ? N’hésitez pas à commenter pour donner votre ressenti.
“Nous vivons la naissance d’un nouveau rapport au monde, et donc d’un nouveau monde, aussi puissant que celui des Lumières. Notre siècle sera celui des fictions. La vérité en étant une parmi d’autres. Une internationale du mensonge se met en place entre déni et torsion du réel. Les Lumières ont engendré la démocratie, les fictions engendrent des dictatures d’autant plus puissantes que vérité et raison ne sauraient les atteindre. Le réel, Covid ou méga feu, se présente sous le masque des fake news. Il ne pourra s’opposer à la fiction de l’autocrate. Nous avons voulu mettre un écran entre nous et le monde et n’avons plus voulu de médiation entre le pouvoir et nous. Résultat : seul le meilleur menteur nous dirige et nous ne pouvons plus en appeler à la vérité pour lui résister. Voila notre siècle. Voila celui de nos enfants. De Trump à Poutine, de la Chine à l’Iran, des Talibans à la Corée du Nord, le barrage de l’accès au réel, par la forclusion ou le déni, va façonner durablement notre existence comme la raison a pu le faire pendant tant de temps. La résistance s’appelle l’Europe unie. Elle s’appelle refus des réseaux sociaux, elle s’appelle refus de la radicalité car cette dernière est négation du complexe et de la raison. Elle s’appelle désir de vérité et de l’effort. Hors de cette résistance, nous serons des esclaves”.
Rappelons au passage qu’Eric Rochant s’est fait connaître en 1989 avec Un monde sans pitié (en image), le portrait d’une génération désenchantée qui avait marqué les esprits et remporté le César du meilleur premier film. N’ayant plus tourné pour le cinéma depuis 2013, le cinéaste s’est distingué depuis à la télévision en créant notamment Le Bureau des légendes. Il serait intéressant de voir le miroir qu’il pourrait tendre aujourd’hui à notre “siècle des fictions”.