“Nous sommes à un moment unique de l’humanité. Les décisions que nous devons prendre maintenant détermineront le cours de l’histoire à venir, s’il doit y en avoir une, ce qui est fortement douteux. La fenêtre pour prendre des mesures est étroite afin d’éviter la destruction cataclysmique de l’environnement, ces mesures sont plutôt accessibles, comme l’ont montré de nombreux travaux.” Tels sont les mots du renommé linguiste et philosophe américain Noam Chomsky dans cette vidéo de dix-neuf minutes intitulée The End of Organized Humanity enregistrée fin 2024.
Chomsky poursuit en soulignant deux points. Tout d’abord, que les décisions qui seront prises à Washington auront une influence mondiale. “Ce qui a lieu en ce moment devrait causer une inquiétude profonde.” Il cite un article de Coral Davenport publié dans le New York Times qui évoque la campagne mise en place pendant des années pour éradiquer toute vie sur Terre par notamment l’industrie fossile, les banques, les institutions financières ainsi que l’OTAN. Ensuite, en disant que les solutions pour éviter que les producteurs de pétrole et d’armes ne se frottent les mains sont identifiées. Elles passent notamment par la nationalisation de l’industrie pétrolière afin de permettre un partage plus équitable de l’énergie.
Chomsky évoque ensuite l’intelligence humaine ainsi que la pensée et le langage qui ont permis à l’homme pendant son évolution de dominer les autres espèces mais aussi de perfectionner sa capacité de destruction, qui a culminé avec l’arme nucléaire. Le fossé entre la capacité de destruction et la capacité morale de contrôle de cette capacité n’a depuis cessé de se creuser. Et est illustré par cette volonté institutionnelle de détruire la vie organisée sur Terre, humaine et animale.
Il parle ensuite de l’horloge de la fin du monde, une horloge conceptuelle conçue peu de temps après le début de la guerre froide pour compter le temps restant avant l’apocalypse. Elle indiquait à ses débuts plusieurs minutes avant minuit, il reste maintenant moins de quatre-vingt-dix secondes. Si elle ne prenait en compte que le risque nucléaire et la destruction de l’environnement, elle inclut désormais la destruction de l’arène de tout discours rationnel.
Chomsky conclut en évoquant le paradoxe de Fermi, qui consiste à se demander pourquoi l’Humanité n’a, jusqu’à présent, trouvé aucune trace de civilisations extraterrestres. « S’il y avait des civilisations extraterrestres, leurs représentants devraient être déjà chez nous. Où sont-ils donc ? » La réponse que retient Chomsky est que l’intelligence s’est développée un nombre incalculable de fois dans l’univers, mais s’est révélée mortelle. La capacité d’auto-destruction a été atteinte mais pas la capacité morale de l’empêcher. Peut-être est-ce même une caractéristique de ce qu’on appelle l’intelligence supérieure ?
“Nous sommes engagés dans une expérience qui déterminera si ce principe s’applique aux humains modernes. Il ne reste que peu de temps pour trouver la réponse. D’une façon ou d’une autre, nous la trouverons cette réponse, ou plus précisément, vous trouverez la réponse. La génération actuelle a les moyens de sauver l’espèce humaine d’une fin terrible. C’est un challenge incroyable qui n’a pas d’équivalent dans l’Histoire”, conclut Chomsky.
Des mots terribles et bouleversants proférés par un témoin essentiel de notre temps, qu’on ferait bien d’écouter urgemment.
Chomsky exagère et sort une citation de son contexte (c’est facilement verifiable).
Il cite (a la minute 4) le secrétaire général de l’OTAN qui dit “que les troupes de l’OTAN doivent protéger les infrastructures énergétiques cruciales, telles que les pipelines et les routes maritimes utilisées par les petroliers”
En fait, il ne précise pas que cette declaration date de 2003 et reflétait une partie des priorités stratégiques de l’OTAN à l’époque… en Afghanistan.
Cette stratégie etait liée en effet à la sécurisation des infrastructures dans le cadre des opérations en Afghanistan, face aux menaces locales.
Il ne s’agissait pas d’une volonté globale de l’OTAN de protéger systématiquement ces infrastructures à tout prix ou dans une logique destructrice pour la planète.
Donc, contrairement à ce que dit Chomsky il n’y a pas de lien entre la volonté politique terrifiante et bien réelle du futur gouvernement USA relaté dans l’excellent article du NYT qu’il evoque et cette declaration faite par l’OTAN en 2003 à propos de la sécurisation des infrastructures petrolieres en Afghanistan.