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Light of my life
Cinema, musique et plus si affinités
Light of my life. JC Manuceau
03/01/202503/01/2025

John Williams lève le voile sur son métier

Dans cette interview rare tirée de l’émission de la BBC « Personal Notes » datant de 1988, John Williams s’entretient avec son collègue et ami André Previn, lui-même compositeur et chef d’orchestre. On y apprend notamment que le jeune JW, alors employé comme pianiste par les studios hollywoodiens, se pensait capable de faire mieux que les compositeurs avec lesquels il travaillait. « Si l’ambition et la témérité n’appartiennent pas aux jeunes, à qui appartiennent-elles ? », demande-t-il avec l’œil qui brille.

Williams explique ensuite qu’avec la popularisation des vinyles 33 tours de musique de film dans les années 1950, les studios ont cherché à optimiser les ventes, et ont donc demandé donc aux compositeurs d’y inclure une ou des chansons, ce qui a compliqué leur travail. Une mode qui a duré plusieurs années, avec la conséquence que les BO de musique symphonique sont passées au second plan… jusqu’à ce que JW ravive la flamme avec Les Dents de la mer (1975) et surtout sa BO séminale du premier Star Wars (1977). Previn lui demande comment lui est venue l’idée de choisir un orchestre du 19e siècle pour accompagner un film de science-fiction. Il explique que devant tant d’éléments inconnus (planètes, vaisseaux, créatures, etc.), il fallait une musique qui soit familière. Et qui parle directement au cœur du spectateur.

Ils abordent ensuite le Dracula de John Badham (1979) pour lequel JW a écrit un score qui met en avant l’histoire d’amour, ainsi que le côté sexuel du sujet. Puis, à ma grande joie, ils évoquent la BO que j’adore d’Images, le film de Robert Altman sorti en 1972 avec Susannah York. JW explique l’importance de la musique pour faire rentrer le spectateur dans l’esprit torturé de cette femme schizophrénique.

Avec forcément un soupçon de jalousie, mais sans le laisser paraître, Previn souligne l’incroyable succès commercial de beaucoup de films mis en musique par JW. Et la réaction de l’intéressé est sincère : « Je choisis un film parce que le sujet m’intéresse mais aussi parce que je pense qu’il peut avoir un succès commercial. » Il nuance toutefois sa déclaration peu après en disant que si Ingmar Bergman lui demandait de composer pour un film, il accepterait sans hésiter.

Puis est mentionné le côté harassant du travail de compositeur, « sept jours par semaine, parfois la nuit aussi », dit-il. « Pour réussir à Hollywood, ajoute-t-il, il ne faut pas être bon, il faut être fort ! » Imaginez, il faut produire 90 minutes de musique en 6 à 8 semaines ! JW souligne aussi l’importance du tempo de la musique et son influence par rapport à l’image. Un domaine que le compositeur maîtrise à la perfection, un extrait bien choisi des Aventuriers de l’arche perdue le prouve !

Previn a dirigé plusieurs des œuvres de JW pour la salle de concert. Il lui demande pourquoi il prend le temps de composer en dehors du cinéma, où il a tant de succès. Réponse du maître : « Pour apprendre. »

Puis, son activité de directeur du Boston Pops est mentionnée et on le voit diriger l’orchestre sur le thème endiablé de Flashdance ! Il avoue qu’il trouve ça très difficile de diriger un orchestre devant un public. « C’est beaucoup de responsabilité et de travail pour quelques avantages. Je prends ça très au sérieux. Mais je ne suis pas un chef d’orchestre professionnel comme toi », dit-il à Previn.

Une discussion passionnante qui montre la complicité qui liait les deux hommes (Previn est mort en 2019). Et quand on sait que ce dernier a eu sa part de responsabilité dans le succès de son collègue, notamment en ayant rendu possible l’enregistrement de la BO du premier Star Wars avec le London Symphony Orchestra, on se dit que John peut bien dire merci à André !

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